Les cancers chez l’enfant : peu mais trop

Publié le 4 avril 2018 dans News


Leucémies et lymphomes

Certaines formes de cancers sont spécifiques à l’enfant, d’autres, inversement, n’existent pas chez l’enfant, notamment le cancer du sein ou de la prostate (bien qu’on ne puisse jamais dire jamais…). Les jeunes patients de moins de 15 ans souffrent principalement de leucémies (cancer de la moelle osseuse et du sang) et de tumeurs du système nerveux central. Les adolescents sont principalement touchés par des lymphomes (cancer des ganglions et du système lymphatique) et des leucémies aigües. En marge de ces prédominances, presque tous les organes peuvent être concernés : les reins, les glandes surrénales, les os, les muscles, la rétine, le cerveau, les ovaires, les testicules, etc.)

2ème cause de mortalité

S’ils sont rares, les cancers chez l’enfant sont tout de même de plus en plus nombreux. Selon le Centre International de recherche sur le Cancer, le taux d’incidence du cancer infantile en Europe a augmenté de 1 à 3 % ces dernières décennies. Ils constituent ainsi la deuxième cause de mortalité entre 0 et 15 ans.

Le fruit (pourri) du hasard

Malgré les énormes progrès de la recherche, personne ne sait vraiment pourquoi un enfant développe un cancer, pourquoi une cellule normale se transforme en cellule cancéreuse. Le rôle des marqueurs génétiques est faible (moins de 5 % des cas) et celui des facteurs environnementaux est discuté. La Ligue des Droits de l’Enfant n’a aucun doute : l’augmentation des cancers infantiles est due à la dégradation de l’environnement, notamment à la pollution chimique. Mais les études scientifiques actuelles ne permettent pas de solidement confirmer cette position et les professionnels ont plutôt tendance à déculpabiliser les parents qui se reprochent d’avoir transmis une prédisposition génétique au cancer ou d’avoir exposé leur enfant aux ondes du téléphone, à la pollution, à une mauvaise alimentation etc.

Un coup de tonnerre dans un ciel serein

La maladie d’un enfant éprouve toute sa famille. Souvent, un des parents arrête temporairement de travailler pour soutenir son enfant. Les équipes médicales sont donc multidisciplinaires, composées également de psychologues, de diététiciens, de kinésithérapeutes et d’assistants sociaux. La philosophie des intervenants est de ne jamais mentir, d’expliquer les enjeux en trouvant les mots justes.

Ça fait mal ?

Le cancer est sournois… Souvent, on ne le découvre que fortuitement, parce qu’une petite boule a été palpée au niveau de la cuisse ou parce qu’un état grippal se fait persistant. Au moment du diagnostic, les enfants ne sont donc pas en souffrance. Certains traitements engendrent ensuite un état nauséeux, une lourde fatigue et un risque accru d’infection, mais là encore, une batterie de thérapies de support (anti-vomitifs, hypnose, etc.) tend à limiter les effets secondaires.

4 enfants sur 5 guérissent

La moitié des cancers de l’enfant survient avant l’âge de cinq ans. Pour eux comme pour les enfants de plus de cinq ans et les adolescents, l’espoir de guérison est bien plus grand que chez l’adulte. Le taux de survie s’est même considérablement amélioré ces dernières décennies, dépassant les 80% en moyenne, atteignant les 95% dans le cas de certains types de leucémies. Grâce aux progrès de la recherche, les médecins comprennent de mieux en mieux la pathologie initiale, toujours différente d’un patient à l’autre, et parviennent à frapper fort et juste. Et puis, les enfants supportent mieux les traitements que leurs ainés, notamment la chimiothérapie. Ils ont moins de « comorbidités », de troubles connexes comme du diabète ou de l’hypertension, ce qui autorise l’administration de traitements puissants et mieux tolérés.

1 adulte sur 600 est un ancien enfant malade

L’objectif des médecins n’est pas seulement de guérir l’enfant, mais aussi de faire en sorte qu’il ait encore devant lui une longue vie, et une vie normale. Une attention particulière est dorénavant apportée au « post-traitement », au suivi sur le long court, notamment pour repérer et combattre les effets délétères et tardifs d’une chimiothérapie.
Sources : interview du Dr Cécile Boulanger, hémato-oncologue pédiatrique aux cliniques universitaires Saint-Luc ; Registre du Cancer, Ligue contre le Cancer ; Institut National du Cancer.

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